ceux qui couvrent la feuille à toute vitesse
ceux qui font de petits bruits de gorge
ceux qui se jettent sur le dictionnaire
ceux qui mâchent leur stylo
ceux qui ont mille gestes de la main
ceux qui dessinent des petites flèches pour ne pas perdre le fil
ceux qui attendent que ça vienne en regardant le mur
ceux qui jettent des regards obliques
ceux qui écrivent sous la dictée d’une divinité secrète
ceux qui gomment, barrent, froissent, déchirent
ceux qui inclinent un peu la tête vers la tête du voisin
ceux qui bougent les lèvres
ceux qui font rempart avec le haut du corps
ceux qui feuillètent longtemps les pages de leur cahier
ceux qui soudain se mettent à rire
ceux qui se rongent les ongles de la main, la main qui n’écrit pas
ceux qui soupirent et doutent à l’identique quelle que soit la proposition
ceux qui ont terminé avant tous les autres
ceux qui font la grimace
ceux qui jubilent, jouissent, exultent
ceux qui n’en reviennent pas encore, des mots assemblés là
à partir de Saint-John Perse, Celui qui,chant VI, In Exil, Gallimard, 1960, en hommage à tous les participants d’ateliers qui mettent – sous nos yeux – leur corps à l’épreuve des mots
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