« Dans les sociétés à écriture, le corps avance masqué, vêtu, ouvragé de l’extérieur. Il n’est plus un écriteau, mais une écritoire. Il délègue à sa main le soin d’écrire, il substitue les tablettes de terre cuite, la pierre ou le métal, la matière végétale ou la peau animale à sa propre peau. Alors le discours peut se diversifier, se nuancer à l’infini, et, détaché du corps du scribe qui l’a écrit, il peut lui survivre, traverser le temps indéfiniment. »
Sylvie Germain, Les personnages, Gallimard, 2004, p.62/63